Je m’appelle Emily et, depuis mars 2024, j’ai migré !
Je suis venue depuis le Royaume-Uni pour effectuer un premier volontariat d’un an dans le cadre du Corps Européen de Solidarité, puis un deuxième de six mois en Service Civique à A Rocha France au Mas Mireille. Cependant, ma migration personnelle n’est rien en comparaison de celle qu’effectuent les oiseaux que j’ai eu l’opportunité d’étudier !
Mes motivations personnelles étaient de découvrir la biodiversité de cette région méditerranéenne. Je voulais aussi en apprendre davantage sur les oiseaux qui migrent en passant par cette région, notamment le Rollier d’Europe Cet oiseau se reproduit chaque été dans le sud de la France. Pour cette espèce, la vallée des Baux est un lieu idéal pour se nourrir et élever ses poussins.
Le Rollier d’Europe n'est pas le seul de passage pendant l'été
Les engoulevents, les guêpiers et les petits passereaux comme les hirondelles, les pouillots fitis et même les rousserolles effarvattes restent en Europe pendant l’été. Puis, ils se déplacent – ou migrent – souvent sur des milliers de kilomètres pour hiverner.
Les oiseaux peuvent migrer vers d’autres régions d’Europe mais beaucoup choisissent de passer l’hiver sur le continent africain. Pour les petits oiseaux comme les pouillots fitis, ce voyage représente un immense périple de plusieurs milliers de kilomètres. Pourtant, pour de nombreuses espèces, c’est la meilleure option, plutôt qu’une survie prolongée pendant un hiver européen rigoureux avec peu de nourriture disponible.
Un travail minutieux
Afin de mieux comprendre les déplacements massifs de ces oiseaux, l’équipe de la Vallée des Baux effectue des sessions de baguage hebdomadaires dans le Marais de l’Ilon, de septembre à décembre.
Avant le lever du soleil, nous installons des dizaines de mètres de grands filets verticaux afin de capturer et identifier les passereaux de passage. Un suivi des dortoirs d’hirondelles rustiques par le baguage est également effectué au coucher du soleil. En effet, des centaines d’hirondelles viennent se percher dans les roseaux du marais chaque nuit pour dormir.
Chaque oiseau est équipé sur la patte d’une minuscule bague métallique portant une combinaison unique de lettres et de chiffres, comparativement plus légère qu’une montre-bracelet. Cela permet d’identifier chaque individu en cas de nouvelle capture. De plus, cette étude nous fournit des informations importantes sur les déplacements des oiseaux en cas de recapture dans un endroit différent de celui où ils ont été bagués.
Des oiseaux bagués provenant de programmes menés en République tchèque, en
Espagne et en Allemagne ont tous été retrouvés dans les filets d’A Rocha ! Avec un peu de chance, nous pouvons aussi capture un oiseau bagué l’année précédente. Nous savons ainsi qu’il a survécu à son périple épique vers et depuis le continent africain.
Des données telles que le poids, l’âge, le sexe et le taux de graisse sont collectées pour chaque individu, fournissant des informations importantes sur la démographie et la santé de la population. Ces données, collectées par l’équipe du Mas Mireille, alimentent les programmes nationaux de suivi scientifique.
Tous les oiseaux ne partent pas pendant l’hiver !
Au contraire, de nombreuses espèces, comme les canards souchets, les cygnes de Bewick et les grues, viennent dans le sud de la France pour l’hiver.
L’équipe du Mas Mireille suit certains de ces visiteurs grâce à des comptages mensuels d’oiseaux d’eau effectués à plusieurs endroits de la Vallée des Baux. Nous nous rendons sur place pour identifier et compter toutes les espèces d’oiseaux d’eau observées. Cela contribue également au suivi national et international des déplacements de ces oiseaux à travers l’Europe. Nous pouvons ainsi fournir des informations cruciales sur la santé et les migrations des populations, éclairant les efforts de conservation et nous renseignant sur la meilleure façon de prendre soin de ces oiseaux lors de leurs longs voyages.