La culpabilité, ressort de l’écologie ?
Qui a déjà écouté un discours de Greta Thunberg ne peut s’empêcher d’y percevoir des accents culpabilisateurs[1]. Le débat autour de la nouvelle époque géologique de l’anthropocène[2] souligne également l’origine anthropologique de la crise écologique actuelle : le changement climatique a une victime, qui est aussi le coupable, c’est l’homme, c’est nous, c’est moi.
Cet aspect moral de la crise écologique pose problème dans notre société moderne où l’individu s’est débarrassé de la culpabilité[3] et décide aujourd’hui seul de ce qui est bon ou mauvais, de ce qu’il convient de faire dans sa vie. Toucher la corde sensible de la culpabilité, c’est risquer d’enclencher un rejet de l’ensemble du discours écologique.
Certains sont pourtant réceptifs et la réalité heurte leur conscience. Lorsque la mauvaise nouvelle est comprise et acceptée, des changements de grande ampleur s’opèrent, telle une conversion écologique. La crise écologique et son aspect moral sont alors intégrés dans la culture en train de se faire, et transmis par l’éducation aux enfants, futurs citoyens. Une vision du monde spécifique se développe avec de nouvelles normes, valeurs, et une nouvelle façon d’orienter son action.
C’est cette nouvelle vision du monde que j’essaie de percevoir et dépeindre dans « La crise écologique : un retour de la culpabilité ? [4] ». Il y a un double objectif.
Le sujet de l’écologie mérite d’être traité sérieusement par les chrétiens, tout aussi sérieusement qu’ils traitent les sujets de justice sociale, de partage des ressources. La crise écologique est une crise profondément humaine : c’est parce que ses conséquences vont fortement impacter toutes les sociétés humaines qu’il faut se préoccuper de l’environnement. C’est un appel à l’exemplarité et à l’amour du prochain.
Si toutefois le doute perdurait, la prise au sérieux viendra contrainte et forcée car la crise écologique va profondément restructurer la société, au travers de la conscience morale et de la vision du monde de nos contemporains. C’est déjà en train de se produire. Le chrétien qui ne saisit pas cela aura des difficultés à entrer en contact avec son prochain et à lui annoncer l’Evangile dans des termes pertinents. C’est donc une nécessité de prendre la crise écologique au sérieux pour la mission de l’Eglise.
Quels sont les ponts et les ruptures entre une vision du monde marquée par la crise écologique et une vision du monde chrétienne ? Pour le savoir, rendez-vous sur Missiologie.net.
*Mélanie Simon
Mélanie est actuellement étudiante à la Faculté Libre de Théologie Evangélique à Vaux-sur-seine. Elle travaille depuis 10 ans dans l’industrie et en 2013 elle a vécu un tournant écologique qui l’a amené à reconsidérer ses choix professionnels. Elle est amie et soutien de longue date d’A Rocha.
P.S. le numéro de Missiologie.net dans lequel apparaît l’article de Mélanie contient également d’autres articles qui méritent l’attention, dont un article de la présidente d’A Rocha France, Rachel Calvert, intitulé : « Quelle espérance pour un monde à +2.4°c ? Le défi missiologique de l’anthropocène. »
Notes :
[1] https://www.youtube.com/watch?v=Bypt4H8K5dI, consulté le 23.02.2023
[2] https://fr.unesco.org/courier/2018-2/anthropocene-enjeux-vitaux-debat-scientifique, consulté le 23.02.2023
[3] Pour un regard sur l’anxiété générée et le biais culturel, voir aussi https://www.imagodei.fr/ecoanxiete-ecologie/, consulté le 23.02.2023
[4] Mélanie SIMON, « La crise écologique : un retour de la culpabilité ? », Missiologie évangélique Vol. 10, n°2, 2022, Mission et écologie, art. p. 42-54