COP26 : le Communiqué de Presse d’A Rocha
La COP26 n’a pas atteint ses objectifs clés mais laisse espérer des progrès l’année prochaine.
La COP26, qui était organisée par le Royaume-Uni, s’est terminée à Glasgow, avec un jour de retard, le samedi 13 novembre au soir. Elle n’a pas atteint ses deux objectifs les plus importants : atteindre un niveau de réduction des gaz à effet de serre qui permettrait de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré au-dessus de la moyenne préindustrielle ; et tenir la promesse faite par le passé de fournir 100 milliards de dollars par an (d’ici 2020) pour aider les pays en développement à se tourner d’avantage vers l’écologie et à s’adapter au changement climatique.
L’accord, appelé « Pacte de Glasgow pour le Climat », demande toutefois aux pays d’actualiser leurs engagements en fonction d’une hausse maximale de 1,5 degré l’année prochaine, et s’engage à examiner l’adéquation des engagements cumulés lors de la prochaine COP en 2022, au lieu d’attendre 2025 comme prévu initialement. Elle promet également une réunion des ministres au cours de l’année à venir pour tenter d’atteindre les objectifs de financement du changement climatique promis de longue date, tout en reconnaissant que les pays en développement ont déjà besoin de bien plus que le montant initialement promis.
Andy Atkins, PDG d’A Rocha UK et co-leader de la délégation internationale d’A Rocha à la COP26, a déclaré : » L’espoir de se maintenir à 1,5 degré est peut-être encore vivant, mais il ne survivra pas une année de plus sans un changement radical dans le rythme des actions réelles. Les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ainsi que la jeune génération, ont crié : » Au secours, maintenant ! Nous sommes en train de sombrer ». Les pays riches et les producteurs de combustibles fossiles ont essentiellement répondu par : « Nous sommes désolés ; nous allons accélérer notre discussion au sujet du moment où nous pourrions arrêter de polluer et vous lancer une bouée de sauvetage ».
Des progrès ont été réalisés dans la reconnaissance de la gravité et de l’importance de certains problèmes. Il est important de noter que le texte fait référence à la nécessité de « réduire progressivement » la production de charbon et les subventions, alors que les pays producteurs de charbon et de pétrole avaient initialement parlé de « charbon à plein régime » et de subventions « inefficaces ». À la dernière minute, le texte a été modifié, passant de « élimination progressive » du charbon à « réduction progressive ». Les spécialistes affirment qu’il n’existe pas encore de technologie permettant de capturer de manière adéquate les émissions de carbone des centrales électriques au charbon, et qu’il n’existe pas de subvention « efficace » pour les combustibles fossiles lorsqu’ils perturbent le climat mondial.
Il est également important de reconnaître que la lutte contre le changement climatique nécessitera la protection des forêts restantes et d’autres « puits de carbone » tels que les zones humides et les prairies, ainsi que leur restauration à grande échelle. Au début de la conférence, un accord sur l’arrêt de la déforestation a été signé par plus de 120 nations, et bien qu’il manque une feuille de route pour parvenir à cet objectif, il semble que l’intention d’agir soit plus forte cette fois-ci, alors qu’un engagement similaire il y a dix ans n’avait pas réussi à arrêter la destruction.
A Rocha se félicite de cette reconnaissance de la valeur des « solutions basées sur la nature » pour lutter contre le changement climatique, mais souligne qu’il n’y a pas de substitut à l’abandon urgent des combustibles fossiles dans une situation où les dernières données scientifiques, reconnues par le Pacte climatique de Glasgow, montrent que les émissions mondiales de carbone doivent diminuer de 45% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, pour avoir une chance raisonnable d’éviter une catastrophe climatique.
Les représentants des pays en développement rentrent chez eux avec peu de nouvelles aides pour leurs pays, mais certains accords moins médiatisés de la COP26 peuvent donner à certains militants l’espoir d’influencer leurs propres gouvernements.
Seth Appiah-Kubi, PDG d’A Rocha Ghana, et co-leader de la délégation d’A Rocha à la COP26, affirme que le manque persistant de financement climatique est préjudiciable au Ghana, mais que l’accord de Glasgow pour mettre fin à la déforestation pourrait aider.
« La forêt d’Atewa est menacée par une importante mine de bauxite et par la déforestation. Actuellement, Atewa n’abrite pas seulement une incroyable diversité de faune et de flore, mais fournit également de l’eau douce à plus de 5 millions de personnes grâce aux rivières qui prennent leur source dans la forêt tropicale et sont alimentées par celle-ci. Les populations locales ont besoin de la forêt pour leur subsistance et leur bien-être. Nous rentrons de la COP26 avec un financement limité pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Mais maintenant que notre président a signé l’accord de Glasgow visant à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, nous espérons que notre gouvernement écoutera les populations locales et annulera les plans d’exploitation minière qui détruiraient Atewa pour les populations et la faune sauvage ».
L’absence de percées décisives sur les questions cruciales du financement et de la réduction des émissions, conjuguée à l’accord prévoyant d’y revenir en 2022, accroît la pression exercée sur les nations les plus riches pour qu’elles accordent une priorité beaucoup plus grande aux politiques et actions nationales en matière de climat au cours de l’année à venir. Cela montre également l’importance cruciale de maintenir et d’accroître la pression publique en faveur du changement. Soohwan Park, présidente d’A Rocha International a déclaré :
« Nous constatons une augmentation du nombre de chrétiens et d’églises qui prennent leur responsabilité en matière de protection de l’environnement beaucoup plus au sérieux, et qui se joignent à d’autres pour demander aux gouvernements de faire de même. Les résultats de la COP26 vont inciter à plus d’action. A Rocha se développe dans de nombreux pays pour soutenir tous les chrétiens et les églises à agir efficacement – que ce soit en faisant campagne au Ghana pour protéger leur précieuse forêt Atewa de l’exploitation minière, en protégeant les cours d’eau à saumon en Colombie-Britannique ou en mobilisant des milliers de personnes par le biais d’Eco Church au Royaume-Uni ».
Contact media: Jean-François Mouhot