« Oh ! » Poème sur la crise de l’eau
Au cœur de nos préoccupations cet été, l’eau est toujours un sujet d’actualité au Domaine des Courmettes, dans les Alpes-Maritimes, où la pluie se fait rare. Employée au Domaine depuis bientôt 6 mois, Yohanna Germain nous partage ce poème saisissant, qui nous rappelle combien l’eau est précieuse et vitale, tout comme Dieu, l’eau vive de nos vies.
Oh !
Assez… Assez !
Il n’y en a plus assez…
Asséchées nos gorges !
Assoiffés…
Nos rêves solides, si sûrs d’eux, sont passés à l’état liquide et bientôt, bientôt gazeux
Vapeur, buée…
Le rêve de l’eau en abondance s’évaporera bientôt…
Qu’avons-nous fait au ventre vert de la terre
Dieu l’avait faite féconde, fertile
Nous l’avons rendue friable, fragile
Il nous échappe maintenant, ce son résigné,
Etonnés, nous ne savons dire que :
Oh…
Eau !
Comme un marcheur délirant en plein désert
Son cerveau trébuchant secondes après secondes sur le seul, le vital, l’essentiel mot
Eau… Oh !
Mirage…
Nos yeux ont pris ombrage de ne plus pouvoir se désaltérer aux sources d’autrefois
Nous venons seulement de comprendre que tu t’en vas…
D’âge en âge, ton souvenir s’évapore de nos mémoires
Rare, tu nous habites comme la pépite d’or le chercheur de fortune
Un espoir fou, de te trouver jaillissant à profusion derrière une dune
De pouvoir un jour à nouveau te voir miroiter au creux de nos paumes en pâmoison
Et te laisser nous glisser entre les doigts
Délice de fraîcheur
Comme au temps de l’enfance du monde
Au temps de l’insouciance, lorsque nous te gaspillions gaiement
Gamins, sûrs de nos lendemains
Confiants
Oui, ce matin mon puit est tari
Et je ne l’ai pas vu venir
C’est vrai…
Il y en avait tant sur terre
On t’appelait planète bleue depuis des millénaires
Mais aujourd’hui depuis l’espace, on s’étonne devant ce spectacle, on s’agace
Un vulgaire caillou en suspension dans l’univers
Les riches voyageurs dans leurs capsules s’écrient :
« Où est passé la splendeur de la terre ? »
Lorsqu’elle trônait, saphir brillant, au collier du système solaire
Irrigué monsieur !
Le progrès a besoin d’être irrigué !
Sécheresse du savoir…
Savoir s’arrêter…
S’arrêter avant qu’il ne soit trop tard…
Avant qu’il n’y en ait plus assez…
Craquelée
L’épiderme de notre vieille terre est aride
Comme la beauté d’une femme a fané
Comme le tableau s’est terni au fil des années
Craquelée
Tu es devenue stérile à force d’être saturée de nos exigences toujours plus pressantes
Au creux de nos paumes l’eau fuit
Au creux de nos nuits
Nos cauchemars sont déserts,
Seules tes promesses éclairent encore nos vies
Tu es l’oasis sur l’horizon de notre avenir désertique
La seule qui ne soit pas qu’un mirage…
Tu tiens debout et tu veilles, prêt à nous accueillir
Bras ouverts, sans ambages
Toi, vous trois
Père, consolateur et eau vive
Sources de toutes vies.
© Yohanna Germain, Oh !, Octobre 2022
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