Shelley : une foi pour la souveraineté alimentaire
Shelley et son mari Tony sont mariés depuis 35 ans, ils ont quatre enfants adultes et habitent près d’Ottawa, au Canada. Pendant 13 ans, ils ont cultivé la terre et proposé des services de traiteur dans leur ferme. Avec une vingtaine d’événements par mois, Shelley offrait une cuisine innovante composée des meilleurs produits locaux. Après avoir arrêté la branche événementielle pour se concentrer exclusivement sur leurs activités agricoles, le couple a décidé de se lancer dans la sensibilisation autour de la souveraineté alimentaire, en particulier la souveraineté sur les semences agricoles. C’est ainsi qu’est née Against the Grain Farms (une ferme à contre-courant). L’entreprise vendait des variétés anciennes de céréales aux artisans-boulangers, aux chefs et aux particuliers, à partir des céréales cultivées dans leur ferme. Cet été, Shelley s’est portée volontaire pour cuisiner au Domaine des Courmettes. J’ai eu la chance de la rencontrer et d’en savoir plus sur le sens de son engagement et de son travail du quotidien.
Marie Pfund (M.P) : Bonjour Shelley, qu’est-ce qui vous a motivé toi et ton mari à créer Against the Grain Farms ?
Shelley : En tant que chrétiens, nous croyons fermement que Dieu a créé les semences et qu’Il a confié à l’agriculteur la responsabilité de les gérer. Nous avons vu de nos propres yeux comment les sociétés achètent des entreprises de semences, déposent des brevets dessus, utilisent des techniques OGM pour les sélectionner et dominent ainsi leur commercialisation. Ce contrôle permet en fin de compte de contrôler l’approvisionnement alimentaire. Nous nous sommes sentis pressés de proposer une solution, « d’ouvrir les yeux des aveugles » et d’offrir des solutions alternatives au côté sombre de l’agriculture.
M.P : Pourquoi avoir choisi le nom Against the Grain Farms ?
Shelley : Nous sommes convaincus que les semences appartiennent à Dieu et non à l’homme qui essaie de jouer à Dieu. J’avais lu l’expression « against the grain » (à contre-courant, NDLR) dans une méditation qui soulignait qu’en tant que chrétiens, nous sommes appelés à aller à contre-courant de la société. J’étais convaincue que c’était le nom que nous devions donner à notre entreprise. Nous voulions aller contre la monoculture, le monopole, les grandes entreprises agricoles, le profit au lieu de la bonne gestion des terres. Nous n’avons pas créé les graines, le sol, ou les bêtes des champs. Ils sont l’œuvre de Dieu.
M.P : Pour toi quel est le lien entre l’alimentation et la foi ?
Shelley : À l’un des moments les plus difficiles de sa vie, Jésus-Christ nous a offert un repas. Nous, son peuple, nous nous souvenons de ce repas de différentes manières aujourd’hui, mais partout où nous racontons son histoire, nous racontons l’histoire de ce repas. Il est impossible de concevoir le ministère de Jésus-Christ sans lui. Il est important que Jésus ait mangé non seulement avec ses amis, mais aussi avec l’homme qui l’a trahi. Il est important qu’il nous dise de nous souvenir de lui autour d’une table, en mangeant ensemble. Lorsque nous mangeons, nous reconnaissons notre entière dépendance à l’égard de Dieu et notre dépendance mutuelle à toute la création. Dieu utilise la nourriture pour nous rappeler que, bien que nous soyons faits à l’image de Dieu, nous ne sommes pas Dieu.
M.P : Comment ta foi influence-t-elle ton travail au quotidien ?
Shelley : En tant que disciples du Christ, nous sommes appelés à mettre en pratique ce qu’il nous a enseigné. Notre rôle est de glorifier Dieu au cours de nos journées, de le glorifier dans notre travail, notre repos, notre culte et nos repas. Nous nous souvenons de la parabole de l’ivraie et du blé et nous cherchons une vie qui porte du fruit pour le règne de Dieu. Nous nous souvenons que par Lui tout a été fait. Nous cherchons des moyens de vivre sagement sur la bonne terre, afin que les générations à venir puissent encore le remercier pour leur vie.
M.P : Quel message souhaites-tu faire passer à nos abonnés ?
Shelley : Je crois qu’une bonne agriculture, comme un bon enseignement, est un engagement pour le long-terme. L’agriculture et l’enseignement sont deux vocations optimistes : elles supposent non seulement qu’il peut y avoir un avenir pour les humains sur cette planète, mais qu’il devrait y en avoir un, et que notre travail peut rendre ce monde futur meilleur. Jésus a littéralement nourri les gens : comment ceux qui s’efforcent de ressembler à Jésus peuvent-ils ne pas en faire autant ?
Pour en savoir plus sur l’activité de Against the Grain Farms, sur la souveraineté des semences ou pour demander des recettes, n’hésitez pas à contacter Shelley.