Une espèce emblématique à protéger
Photo : © Nathan Horrenberger
Photo : © Nathan Horrenberger
Le Rollier d’Europe Coracias garrulus est l’un des oiseaux les plus charismatiques d’Europe. Son plumage turquoise azuré en fait l’un des oiseaux les plus colorés de notre continent. Grand migrateur, il traverse chaque année le Sahara et la mer méditerranée depuis l’Afrique Australe pour venir nicher et élever ses jeunes sur notre continent, un exploit de plus de 6000 km. Il s’installe à partir du mois de mai dans les contrées les plus chaudes : pourtour méditerranéen en premier lieu, mais aussi l’Europe centrale et de l’Est, où le climat continental estival lui procure la chaleur – et donc la nourriture – suffisante. Il mesure une trentaine de centimètres de long pour 70 centimètres d’envergure, soit la taille d’un petit corvidé. Posté depuis une branche morte, un fil électrique ou un piquet, il chasse les gros insectes tels les sauterelles, cigales et les coléoptères.
Autrefois très abondant, le Rollier d’Europe est aujourd’hui menacé de disparition sur une grande partie de son aire de répartition en Europe. En Europe centrale et du Nord, il a disparu en quelques décennies de la Scandinavie, d’Allemagne, de République Tchèque, de Slovaquie, de Slovénie, de Croatie, et on ne compte plus que quelques dizaines de couples dans les pays Balte, la Biélorussie et la Pologne. Ses populations sont en recul d’au moins 20% et ce partout en Europe, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, à de rares exceptions près. Il a d’ailleurs été classé sur la liste rouge des espèces menacées depuis le début des années 2000, avec le statut « quasi menacé » (NT). Protégé au niveau européen par la directive « oiseaux », son commerce est également interdit au niveau mondial par la convention de Washington (CITES) depuis 2014.
Le rollier est un excellent bioindicateur de l’agriculture durable. Il utilise des cavités naturelles creusées par les pics pour nicher et sa présence témoigne donc de la présence de vieux arbres et de haies. Ses besoins en gros insectes pour se nourrir ne sont pas compatibles avec une agriculture trop gourmande en insecticides. Son utilisation des milieux boisés pour nicher et des milieux ouverts pour chasser font de lui un indicateur des mosaïques agricoles. Espèce charismatique et facilement repérable, sa présence s’accompagne de celle de nombreuses autres espèces menacées qui partagent les mêmes besoins écologiques, telles que la chevêche d’Athéna, le hibou petit duc, la huppe fasciée, les pies grièches et bien d’autres encore.
Rouge : nidification
Jaune : passage
(2011 - source : xeno-canto.org)
A Rocha France travaille depuis 15 ans à la protection du Rollier d’Europe. Depuis 2002, nous avons mis en place un réseau de 50 nichoirs dans l’un des secteurs les plus importants pour la conservation du rollier en France : la Vallée des Baux de Provence. L’entretien et le suivi de ce réseau de nichoirs ainsi que les autres mesures de conservation mises en place (plantation de haies, mise en place de perchoirs…) ont permis une augmentation de la population de rollier sur ce territoire alors que la population continuait de baisser ailleurs en Europe.
Nous avons ainsi pu développer nos connaissances sur l’écologie et la protection du rollier, et développer une expertise sur l’espèce aujourd’hui reconnue au niveau national, grâce au soutien du ministère de l’environnement depuis 2010, et au niveau international, avec la participation à plusieurs colloques et conférences, la co-rédaction du plan d’action européen d’action pour la conservation du rollier, et la mise en place de collaborations avec plusieurs universités et laboratoires.
Forts de notre expérience et des résultats acquis ces dernières années, nous souhaitons aujourd’hui donner une nouvelle dimension à notre action en faveur du rollier. En particulier, nous visons à développer nos actions de conservation sur l’ensemble de l’aire de répartition en France, développer et diffuser à l’échelle de l’Europe nos connaissances sur les bonnes pratiques favorables au rollier d’Europe dans le cadre d’une thèse de doctorat, et échanger sur nos expériences respectives avec le plus grand nombre.
Nous souhaitons :
Le rollier ne construit pas lui-même son nid et utilise des cavités naturelles creusées par les piverts, ou des nichoirs artificiels comme ici. La disparition des cavités naturelles est l’une des principales menaces qui pèsent sur le rollier.
Photo : © Orbán Zoltán
En donnant pour ce projet, vous nous permettrez d’accueillir un stagiaire qui va appuyer Timothée Schwartz en 2017 pour réaliser le suivi de tous les nichoirs et de toutes les cavités naturelles occupées par les rolliers sur les sites que nous étudions !
5000€ représente la gratification du stagiaire sur 6 mois (6 x 554€) ainsi que les frais de déplacement et les autres frais nécessaires au bon déroulement du stage.
Chaque donateur de 50€ ou plus pourra parrainer un nichoir occupé par des rolliers. Vous recevrez toutes les informations concernant ce nichoir comme par exemple son emplacement, son âge, le nombre de jeunes rolliers qui y ont grandis, et vous pourrez suivre son évolution tout au long de la durée du projet de recherche. Ce qui vous permettra de voir concrètement ce que vous soutenez !
Passionné par les oiseaux depuis son enfance, il les étudie notamment par la technique du baguage. Cet ingénieur forestier de formation a développé une expertise dans l’étude et la protection de la biodiversité et se consacre depuis 2017 à une thèse de doctorat.
Afin de mener à bien notre projet en faveur du rollier, Timothée, notre responsable scientifique, réalise une thèse de doctorat en partenariat avec la fondation Tour du Valat et le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Évolutive.
Ce travail de recherche scientifique a pour but d’évaluer la pertinence d’un certain nombre de dispositifs artificiels utilisés actuellement pour la conservation des espèces menacées et notamment dans le cadre de la compensation écologique. Elle s’intéresse en particulier aux gîtes artificiels, tels que les nichoirs installés en faveur des rolliers, qui sont très utilisés en France mais aussi dans toute l’Europe. La question principale est de savoir si ces nichoirs ne sont pas, dans certains cas, défavorables aux rolliers qui les utilisent, en comparaison aux sites naturels qu’ils auraient utilisés si les nichoirs n’étaient pas là.
Timothée va donc étudier de près les nichoirs et les cavités naturelles utilisés par les rolliers. Il cherchera à identifier les causes de l’impact négatif éventuel des nichoirs, afin de formuler des recommandations de bonnes pratiques pour leur utilisation. En plus du rollier, ce travail sera également utile pour d’autres espèces menacées qui utilisent des dispositifs artificiels : des reptiles comme le lézard ocellé, des mammifères comme les chauves-souris et bien sûr d’autres oiseaux.
Au Sud des Alpilles, la vallée des Baux accueille l’une des plus importantes populations de rolliers en France avec plus de 30 couples sur 2000 hectares. Le rollier y trouve en abondance des gîtes pour nicher et des gros insectes pour s’alimenter !
La fondation Nature et Découverte a co-financé une première étude sur les différences de microclimat entre les cavités naturelles et les nichoirs qu’utilisent les rolliers. Cette étude a été menée par Mélanie Dasse en 2016, alors étudiante en Master 1 à l’université de Reims, encadrée par Timothée Schwartz. Grâce au financement de la fondation, nous avons pu acquérir le matériel nécessaire : des enregistreurs miniatures de température qui ont été placés dans une trentaine de nichoirs et de cavités naturelles.
Nos premiers résultats montrent clairement que les nichoirs sont bien plus contraignants pour les rolliers au niveau thermique que les cavités : les écarts de température y sont beaucoup plus grands (plus froid la nuit, plus chaud la journée), et les variations beaucoup plus fortes et rapides. Ceci conforte nos soupçons des effets néfastes potentiels des nichoirs lorsqu’ils ne sont pas utilisés dans de bonnes conditions.