Le Bœuf des marais de retour dans les marais des Baux !
« boom, boom, boom ». Ce chant grave et puissant qui fait un peu penser à un meuglement est celui d’un héron migrateur : le Butor étoilé (botaurus stellaris). Ce son unique et qui porte à plusieurs centaines de mètres lui vaut parfois le surnom de « bœuf des marais ».
Pour la première fois depuis plus de trente ans, le chant du bœuf des marais résonne cette année au sein des marais des Baux !
Ce héron vit en eaux douces ou dans des marais saumâtres avec de grandes étendues de roselières. Il a besoin de roselières inondées avec un niveau d’eau suffisant pour assurer la protection de son nid des prédateurs.
Son alimentation est constituée principalement de poissons, amphibiens et insectes d’eau qu’il chasse de façon discrète. Il s’avance au ralenti à l’affut, le cou replié dans ses épaules. Lorsqu’une proie passe à portée, il déploie son long cou pour attraper ou transpercer sa cible à l’aide de son bec tel une lance. En plus d’être une arme redoutable son long cou permet aussi au butor de se camoufler dans les roseaux. Lorsqu’il se sent en danger il étend son cou, aidé d’un plumage rappelant les couleurs de la roselière, se confondant complètement aux milieux des plantes. Il peut rester ainsi plusieurs heures, en attendant que le danger s’écarte, allant jusqu’à bouger son cou pour imiter le mouvement du vent dans les roseaux. De ce fait il est difficile de déceler sa présence sur un territoire.
Il existe pourtant différentes techniques pour y parvenir. L’une d’elle consiste à quadriller une zone à l’aide d’une équipe placée à différents points d’écoute au crépuscule ou à l’aube (moment de la journée où le mâle Butor chante le plus souvent) en période de reproduction (avril-mai). Aidé d’une carte, chaque participant va tracer une flèche représentant la direction de provenance du chant ainsi que l’heure correspondante. A la fin de l’écoute la mise en commun des cartes permettra de valider et de localiser précisément l’emplacement des différents butors chanteurs.
C’est grâce à cette technique que nous avons pu identifier un mâle chanteur dans la réserve Naturelle Régionale de l’Ilon ce printemps à plusieurs reprises.
Cette espèce étant polygame, il est probable qu’il y ait aussi plusieurs femelles sur le site (jusqu’à 5).
Cette nouvelle est réjouissante puisque c’est le premier mâle identifié en plus de trente ans ! Mais aussi parce que l’espèce est protégée et gravement menacée d’extinction en France, avec moins de 300 mâles chanteurs recensés en 2018 et une tendance toujours à la baisse.
Son retour dans les marais des Baux est donc une nouvelle encourageante qui témoigne a priori de niveaux d’eau et de milieux favorables à sa nidification.